Partir en tour du monde en multicoque, peut-être à bord d’un catamaran… Voici un projet qui fait rêver ! Sur la route des Alizés, en Atlantique, dans le Pacifique ou dans l’Océan Indien… Découvrons ensemble, dans cet article rédigé à quatre mains avec Bénédicte, propriétaire d’un Outremer 55, les plus belles escales de tour du monde à ne pas manquer.

C’est l’expédition de l’explorateur portugais Magellan, au XVIème siècle, qui fut à l’origine du premier tour du monde en bateau, à la voile. Parti à la recherche d’un passage entre l’Atlantique et le Pacifique avec cinq navires, le navigateur découvrira celui que l’on nommera, plus tard, le détroit de Magellan. L’escadre réduite de l’explorateur poursuivra sa navigation d’est en ouest autour du monde, et un seul bateau bouclera la circumnavigation. Trois ans plus tard, il reviendra au point de départ, en Espagne, et signera l’exploit du premier tour du monde en voilier.

Aujourd’hui encore, faire le tour du monde à la voile fait rêver. Heureusement pour nous, navigateurs, les conditions actuelles sont bien différentes et l’aventure bien plus accessible ! Il est désormais possible de partir en voyage autour du monde en étant parfaitement équipé. Quel que soit le coin du globe dans lequel vous vous trouverez, vous pourrez profiter, si vous le souhaitez, des meilleurs instruments pour vous assister en navigation et vous guider. Vous aurez aussi le luxe de pouvoir rester connecté, pour consulter les prévisions météorologiques, garder le lien avec vos proches et, surtout, évoluer en sécurité.

Parmi les propriétaires de multicoques, Bénédicte Hélies peut en témoigner ! Partie deux fois en tour du monde en catamaran avec son mari et ses enfants, elle n’en est plus à son coup d’essai :

  • Pour son premier voyage – à bord de l’Outremer 51 #39 baptisé Moby, la famille a fait le choix de suivre la route des Alizés. Ainsi, Bénédicte, Loïc, Victor, Arthur et Anna ont mis le cap sur les lieux d’escales les plus réputés du monde, pour découvrir 32 pays et 121 îles. Le tout, en trois ans et 50 000 milles nautiques parcourus, à bord de leur catamaran, sur trois océans : l’Atlantique, le Pacifique et l’Indien.

 

  • Pour son deuxième tour du monde à la voile, cette fois à bord de Saga – l’Outremer 55 #1, l’équipage favorise cette fois de nouveaux lieux d’escale, qui ne faisaient pas partie du premier itinéraire. Naviguant toujours d’est en ouest, la famille marque ainsi des étapes hors des sentiers battus, racontées ensuite dans le blog Le voyage de Saga.

 

Au cœur de cette seconde aventure, Bénédicte a accepté de nous aider dans la rédaction de cet article, en nous partageant ses meilleurs bons plans pour un grand voyage en catamaran.

 

Lire aussi : Le récit d’un voyage autour du monde en famille

Les escales d’un tour du monde à la voile, sur la route des Alizés

 

La route des Alizés est l’itinéraire classique, poursuivi par la plupart des catamarans de voyage. Elle promet aux équipages de naviguer tout autour du monde poussés par le vent, au portant, à condition de suivre le rythme des saisons. Il est ainsi possible d’évoluer en catamaran d’est en ouest, en traversant trois océans et en faisant escale dans de formidables destinations.

Au départ de l’Europe, les voiliers et leurs équipages commencent généralement par réaliser une traversée transatlantique jusqu’aux Antilles. Ils empruntent ensuite le canal de Panama pour rejoindre l’océan Pacifique, qu’ils découvrent en plusieurs escales. Ils remontent ensuite, le plus souvent, via le détroit de Torrès, l’Indonésie, puis l’océan Indien.

Là, deux solutions s’offrent aux plaisanciers pour rejoindre l’Europe : emprunter le canal de Suez pour rejoindre la mer Méditerranée ou enrouler le Cap de Bonne-Espérance, pour retrouver l’Atlantique. Avec cette seconde option, les équipages effectuent ensuite, généralement, une traversée de l’Atlantique sud, puis une dernière navigation transatlantique d’ouest en est, dans l’hémisphère nord.

 

Les premières étapes en Atlantique, de l’Europe aux Antilles

 

Vous débuterez probablement votre voyage au départ de la côte Atlantique ou de la mer Méditerranée. Après la traversée du golfe de Gascogne ou du détroit de Gibraltar, vous mettrez le cap sur les archipels des Canaries et du Cap-Vert. De premières belles découvertes vous y attendent, auprès de peuples accueillants et habitués au passage de voiliers de voyage. Ces destinations sont réputées pour la pratique des sports de voile !

Certains équipages marquent ensuite une étape au Sénégal, où ils peuvent, du même coup, déposer du matériel humanitaire embarqué en France. L’occasion de faire, en plus d’une belle croisière, une action solidaire…

Ensuite, direction les Antilles. Après votre première navigation hauturière de plusieurs semaines, en transatlantique, vous pourrez ainsi envisager de plus courtes traversées, entre de nombreuses îles qui valent le détour. Du nord au sud : les îles Vierges Britanniques, Anguilla, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Antigua, la Guadeloupe, la Dominique, la Martinique, Sainte-Lucie, Saint-Vincent et les Grenadines, les îles de Trinité et Tobago… Toutes ces destinations vous promettent une fin d’année ensoleillée, ainsi que des conditions de navigation particulièrement agréables. Vous pourrez sans doute y vivre des expériences exotiques !

Si vous disposez d’un peu de temps avant le passage du canal de Panama, vous pourrez envisager la navigation dans les îles ABC – Aruba, Bonaire et Curaçao, au large du Venezuela, idéales pour les sports nautiques. La région de Carthagène, en Colombie, pourra également être un lieu à visiter.

Enfin, avant la traversée du canal de Panama, les San Blas sont une destination particulièrement prisée des navigateurs tourdumondistes : très réputé pour la navigation, l’archipel offre la possibilité de caboter d’îlots en îlots dans des paysages idylliques…

 

Dans l’océan Pacifique, du canal de Panama à l’Australie

 

Vous continuerez d’en prendre plein les yeux, après le passage du canal de Panama. Une multitude de destinations magnifiques vous attendent dans l’océan le plus grand de notre planète : le Pacifique.

Après l’exploration des côtes pacifiques du Panama et du Costa Rica, l’archipel des Galapagos, en Equateur, est une étape confortable avant la transpacifique. A partir de là, vous pourrez rejoindre les Marquises et naviguer sur l’énorme territoire qu’est la Polynésie française, pour en découvrir toutes les richesses !

Dans le sillage de nombreux autres navigateurs, vous ferez faire escale dans l’archipel des Tuamotu, dans les îles du Vent, dans les îles Sous-le-Vent, ou bien, encore plus loin, dans les îles Australes. Un conseil : prévoyez du temps sur place, car les distances sont grandes et les destinations, toutes magnifiques… Le programme est dense : découverte des îles et de la perliculture, snorkeling, plongée et pêche sous-marine.

Bénédicte et sa famille, eux, ont fait le choix de visiter l’archipel des Gambier : « En Polynésie, pour sortir des sentiers battus, nous avons choisi de faire cap sur l’archipel des Gambier. Y aller depuis Panama est exigeant : près de 3 semaines de mer, à des allures moins portantes que d’habitude, au travers. Mais avec un catamaran de 55 pieds comme le nôtre, ce n’est pas un problème. A lui seul, l’archipel des Gambier est un concentré du meilleur des Marquises, des Tuamotu et des îles Sous-le-Vent. Comme aux Tuamotu, on y trouve des motus et un récif corallien magnifique avec une faune sous-marine très riche. Nous nous sommes régalés, sous l’eau et à terre ! Il y a une culture très forte, avec des valeurs de partage et d’accueil très chaleureuses. On lie facilement contact, notamment pour troquer les fruits et légumes qui poussent dans les jardins des habitants, comme aux Marquises. Comme dans les îles Sous-le-Vent, on peut profiter de jolies balades et randonnées à pied, dans la forêt, le long des jardins bien soignés, avec des vues magnifiques du haut des sommets. On peut aussi visiter des fermes perlières produisant parmi les plus belles perles du Pacifique. »

 

Beaucoup de plaisanciers sont conquis par la Polynésie française. Arrivés au point du globe le plus éloigné de la France, ils estiment souvent avoir trouvé le plus bel endroit sur terre et décident, parfois, d’interrompre le voyage. Plus loin sur la route, il y a pourtant tellement d’autres formidables destinations à explorer en catamaran !

En poursuivant la route vers l’ouest, toujours dans le Pacifique sud, vous découvrirez d’autres pays et peuples qui méritent une étape. Dans les îles Cook, dans l’archipel des Samoa, dans les îles Tonga ou à Wallis-et-Futuna, vos navigations vous mèneront dans des lieux magiques, au contact de populations, là encore, très accueillantes. Aux Fidji, vous profiterez de villages traditionnels et de nombreux spots parfaits pour les sports nautiques. L’escale au Vanuatu, elle aussi, devrait vous permettre de vivre des expériences uniques…

Au sujet de la Nouvelle-Zélande, Bénédicte confie : « Tout le monde pense qu’elle ne se visite qu’en van, et c’est un secret bien gardé qu’elle se visite aussi très bien à la voile ! Elle offre trois bassins de navigation exceptionnels avec, dans chacun, des dizaines de mouillages très sûrs, des panoramas splendides, des randonnées magnifiques et un approvisionnement très facile. Sans compter les restaurants et les vignobles ! »

Enfin, la Nouvelle-Calédonie et l’Australie sont aussi de bons points d’étape avant de quitter le Pacifique : en plus de navigations dépaysantes, vous y trouverez tout le nécessaire pour entretenir et ravitailler votre catamaran avant de continuer le voyage.

 

Depuis le détroit de Torres jusqu’à l’ouest de l’océan Indien

 

Si certains voiliers optent pour une navigation qui enroule l’Australie, la majorité des bateaux empruntent la mer de corail et le détroit de Torrès pour rejoindre l’océan Indien. A vous l’exploration de la Papouasie et de l’archipel des Raja Ampat, la découverte du Timor oriental et des dragons de Komodo, celle de Bornéo et des orang-outans, ou les aventures culturelles et le farniente dans le plus grand archipel du monde : l’Indonésie !

Certains équipages font le choix de remonter jusqu’en Thaïlande, et laissent parfois leur bateau quelque temps dans la ville de Krabi.

Parmi les destinations méconnues en faisant cap à l’ouest, il y a le petit archipel australien des îles Cocos (Keeling) : une étape dans l’océan Indien que Bénédicte qualifie de « très intéressante à tous les points de vue ». Elle se souvient notamment d’un excellent mouillage, d’un magnifique plan d’eau pour le wingfoil, d’une plage agréable et conviviale, ainsi que de sessions de snorkeling sympathiques. Sur l’îlot voisin qui est habité, des visites culturelles dépaysantes peuvent aussi être réalisées !

Ensuite, le voyage se poursuit, en navigation transindienne jusqu’à l’île Maurice, jusqu’aux îles Maldives, aux îles Seychelles ou jusqu’à la Réunion. Pour Bénédicte, l’île Maurice devrait être bien plus qu’une étape : « C’est l’escale traditionnelle d’une traversée de l’océan Indien, où les bateaux songent à faire relâche, se contentant de rester à Port Louis. C’est vrai que c’est une escale sympa avec la marina du Caudan, sa grande galerie commerciale ouverte, ses musées, son marché très vivant, ses restaurants… Mais Maurice se visite aussi à la voile ! A deux reprises, avec Saga comme avec Moby, nous avons fait le tour de l’île Maurice à la voile, nous arrêtant dans différents mouillages : sur la côte est, au Trou d’Eau Douce – qui donne accès à l’île aux Cerfs, à l’îlot Mangénie, à Mahébourg – une ancienne petite ville coloniale – et au parc marin de Blue Bay ; sur la côte ouest, à Rivière Noire – qui donne accès au parc de Gorges – et à Tamarin, avec sa plage de surf et ses couchers de soleil magnifiques. Enfin, au nord, Grand baie et ses environs offrent de l’animation et des belles plages, et plusieurs autres petits mouillages agréables. »

Au-delà de cette destination bien connue, la navigatrice recommande de visiter d’autres territoires dans l’océan Indien : « Les îles Chagos, par exemple, constituent une réserve naturelle qui regorge d’oiseaux et de poissons ! Il y a des crabes de cocotiers par milliers, des frégates, des dauphins et des bécunes dans le lagon intérieur, ainsi qu’une vie sous-marine très riche. On peut y passer trois semaines maximum, pas plus, sur autorisation. Et c’est un privilège d’être témoin d’une nature aussi sauvage et foisonnante ! ». L’archipel désert de Saint-Brandon vaut également le détour : « C’est une destination bien connue des plaisanciers mauriciens et réunionnais où le dépaysement est assuré ! C’est un atoll semi-fermé composé de dizaines d’îlots plus ou moins grands, réputé pour ses fonds marins et la pêche. Côté sports de glisse, c’est le paradis : il y a des spots de kitesurf et de wingfoil exceptionnels, des plages sauvages avec de rares arbustes et des oiseaux par milliers. »

Enfin, Rodrigues est une petite île à l’ambiance surannée et tranquille, que la voyageuse conseille encore : « Nous y avons passé dix jours de navigation fantastiques. L’île est très accueillante et offre deux mouillages : en ville, à Port Mathurin, et à Port Sud-Est. Le premier offre une escale très agréable avec un marché et de petits restaurants. Le second est un mouillage spectaculaire sur les bords intérieurs de la passe, avec accès direct au lagon et à des spots idéaux pour le wingfoil et le kitesurf. »

Bénédicte insiste en confiant que, pour elle, les destinations de grande croisière dans l’océan Indien sont mal connues et largement sous-estimées. Pour elle, l’Indien est une « destination d’exception à la voile, en catamaran ».

Après la visite de ces quelques destinations, ce sera déjà l’heure, pour vous, de réaliser vos dernières escales dans l’océan Indien. Selon les points d’étapes que vous aurez choisis et votre souhait, ou non, d’emprunter le canal du Mozambique, vous ferez escale à Madagascar, en Tanzanie, ou vous rejoindrez directement l’Afrique du Sud.

Ce pays sera un point d’étape obligatoire – mais aussi très agréable ! – avant votre deuxième traversée de l’Atlantique : l’escale à Cape Town vous permettra de préparer le bateau à une des dernières navigations hauturières, dans un port où tout est facilement accessible. Ici, vous pourrez attendre confortablement la bonne « fenêtre météo » pour traverser…

 

La navigation de retour en Europe, depuis l’Afrique du Sud

 

Vous effectuerez la traversée de l’océan Atlantique sud, d’est en ouest. A cette occasion, vous pourrez éventuellement faire un arrêt sur le territoire de Sainte-Hélène. Mais pour, ensuite, aller où ?

En Atlantique-Ouest, avant de rentrer en Europe, vous pourrez être tenté de refaire les mêmes escales que lors de votre premier passage. Mais, si vous désirez en voir plus, votre tour du monde en catamaran pourra être l’occasion de visiter de nouvelles destinations ! Le Brésil, les Bahamas, les Bermudes ou les Etats-Unis, par exemple, vous attendent encore.

Enfin, pour votre dernière traversée hauturière, la traversée atlantique retour, vous ferez sûrement escale dans l’archipel portugais des Açores. Nul doute que vous rencontrerez, là, d’autres équipages qui, comme vous, ont fait le tour du monde en catamaran. L’occasion de revenir, ensemble, sur toutes ces belles étapes…

Finie l’époque des grandes explorations. Vous n’aurez probablement pas la chance de découvrir des contrées inexplorées de tous en naviguant, de nos jours, autour du monde en catamaran. En revanche, en choisissant des étapes adaptées à vos envies et des lieux d’escales hors des sentiers battus, nul doute que vous vous sentirez l’âme d’un aventurier ! De quoi rendre votre tour du monde à la voile inoubliable…

Lire aussi : Travailler tout en naviguant autour du monde : David et Inês vivent le rêve à bord de leur Outremer 5X
Lire aussi : Départ en 2024 pour le nouveau rallye Atlantique